Notre ami Tibo est Chiropraticien en Espagne et pratique la course en montagne. Il nous fait partager son expérience sur l’Ultra Trail du Mont-Blanc en texte et en images.
J’ai débuté les courses de montagne à l’âge de 18 ans, j’ai fait 3 fois la 6000D en 2000, 2001 et 2002, après j’ai arrêté plus ou moins 10 ans la compétition à cause des études et la vie à Paris (très peu de montagne), j’avais également eu des problèmes aux
niveaux du genou droit (tendinite du vaste interne).
En 2009 j’ai recommencé à m’entrainer grâce à un copain et maintenant colocataire qui faisait des courses de montagne, donc j’ai recommencé à courir en montagne avec mon pote afin de préparer mon objectif et mon rêve : faire l’ultra trail du Mont blanc. C’est également le rêve de beaucoup de coureurs de montagne. Pour accomplir cette objectif
en 2 ans il me fallait accumuler des points ; exactement 5 afin de participer à cette course, chaque course de montagne donne des points en fonction de plusieurs facteurs (km, dénivelé,…).
Je me suis entrainé quasiment tous les jours pendant 2 ans entre 10 et 15 km par jour en montagne et sur goudron en fonction des possibilités. J’ai essayé d’alterner bien que je déteste courir sur goudron. J’ai suivi une alimentation un peu stricte, je faisais
3 à 4 repas j´évitais les grignotages (difficile pour moi) beaucoup de glucides, des légumes facile à digérer et des protéines peu grasse. J’ai perdu 10 kg en 2 ans, ce qui est un peu un point clé en course de montagne (moins tu pèses,moins tu portes).
Sur le plan physique je me faisait traiter (heureusement) 2 fois par semaine en chiropratique. C’est impressionnant car quand tu fais du sport régulièrement tu acquiers une sensibilité corporelle beaucoup plus fine qu’un individu sédentaire. Après chaque séance de chiro j’avais l’impression d’avoir des ailes et un surplus d’énergie. Cela m’a beaucoup aidé, d’un point de vue équilibre. Mon problème au genou droit étant réellement un problème postural, je portais environ 5 kg de plus sur la jambe droite que sur la jambe gauche. On a réussi à descendre à 2 kg de différence.
Le dernier point,c’est le matériel. Sur des épreuves de longue durée en montagne il faut mettre le prix sinon tu ne termines pas la course. Moi ce qui m’a posé problème c’était le choix des chaussures car beaucoup de chaussures me donnent des ampoules et donc au final j’ai trouvé la chaussure qui convenait à mon corps. Dans la northface j’étais dans un chausson.
Après avoir fait différentes courses sur les 2 ans et accumulé plus de points que nécessaire, je m’inscris à l’UTMB. Il y a tellement de monde (62 nations représentées) qu’il y avait un tirage au sort. La chance !!! Je suis tiré au sort mais pas mon pote. Je vais courir tous seul, ce qui va ajouter une grosse difficulté sur le plan mental (personne ne peut courir à nos côté sur l’épreuve).
Ça y est on est le 26
aout 2011, l’adrénaline est au plus haut. Je reçois 2 sms : la course est reportée ;
au lieu de 18h30, on part à 23h30 pour mauvaise condition météorologique, et le
second sms changement de parcours, on passe de 168 km à 175 km et 9714
dénivelés positifs. Après ces 2 sms l’adrénaline avait doublé.
Donc je me prépare,
je me mets un kinesiotape hanches et genoux, je m’hydrate énormément et je dors
jusqu’à 22h00 puis me rend sur la ligne départ.
23h30 ça y est on part sous une pluie battante, on fait km sur km sous la pluie, c’est très
difficile. Beaucoup de gens abandonne au km 20. On passe de la pluie à la neige au passage du col de la Seigne. Les conditions deviennent extrêmes. Là c’est tous dans la tête, grand moment de solitude d’autant plus que j’explose mon téléphone portable avec la neige. On
ne peut plus m’appeler. Je me sentais bien jusqu’a mis parcours, j’étais à 15h de course, après petite baisse de régime je prends barre énergétique, électrolytes, je m’hydrate énormément mais rien à faire cela ne revient pas je mets donc cela sur le compte de la fatigue. Les kms et les dénivelés s’enchainent. Je vois beaucoup de monde dans les point de ravitaillement en pleurs ou complètement anéanti des grand silences parfois (beaucoup d’abandon 60 %, je parlais avec des coureurs c’était leur troisième ou quatrième UTMB ils me disaient que cette année c’était la pire épreuve tant au niveau des conditions que du changement de parcours).
- Conditions climatiques difficiles en début de course
- Le froid use les organismes
- Moment de solitude lors du ravito
- Les conditions s’améliorent
- Des paysages magnifiques
- Un bel exploit pour Tibo
- Le programme des festivités
Malheureusement, au km 135 je suis pris d’une tendinite au niveau du tibial antérieur gauche. Dans les descentes pour imaginer c’est comme une visse dans l’articulation qui ne vous laisse pas fléchir. Je dois alterner marche et course pour pas être en dehors des temps limites des points de contrôle. C’est très dur psychologiquement et moralement, en plus avec l’EPO accumulé en montagne tu commences à avoir des hallucinations, énormément d’impression de déjà vu, des phases euphoriques, des phases de tristesses. Il faut vraiment être fort dans la tête.
Enfin arrive le final et ces derniers kms qui paraissent interminables mais que l’on apprécie quand même car on arrive au bout et c’est beaucoup d’émotion.
Pour la récupération cela m’a pris 3 jours et j’ai repris les séances de chiro au quatrième jour cela m’a beaucoup soulagé (j’avais un sac de 6 à 7kg sur le dos pendant l’épreuve). J’ai été impressionné de la récupération du corps.
J’ai recommencé l’entrainement après 1 semaine et j’avais l’impression d’avoir un troisième poumon et de voler.
Merci la chiro et à l’innate intelligence du corps.